Plaisir et nutrition : joindre l’utile à l’agréable ?

Publié le 5 septembre 2016

Regards d'expert

Peut-on allier gourmandise, tradition et équilibre nutritionnel ?

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Manger, place à l’hédonisme avant tout

Depuis toujours, l’acte alimentaire est et doit rester un moment de plaisir : plaisir sensoriel, plaisir social à travers le partage d’un moment de convivialité, mais aussi plaisir de retrouver ses valeurs à travers ce qu’on mange (naturalité, terroir, respect de l’environnement…).

Aujourd’hui plus que tout, dans un monde qui vit à cent à l’heure et où l’individualisme prend le dessus, tout le monde a besoin de retrouver ces moments de détente et de plaisir quotidiens. Tout le monde, c’est aussi bien l’enfant qui savoure ses biscuits après une longue journée d’école, que l’adolescent avec son verre de soda, que vous qui partagez un apéro entre amis après le boulot, ou encore que cette vieille dame que vous croisez à la boulangerie tous les dimanches pour acheter son Paris-Brest hebdomadaire.

Alors pourquoi s’intéresser à la nutrition pour des aliments plaisir ?

La nutrition occupe une place grandissante dans notre société. C’est en effet un des premiers leviers de prévention de nombreuses pathologies comme le diabète, l’obésité, les maladies cardiovasculaires ou encore le cancer.

Mais au-delà de cet enjeu de santé publique capital, la nutrition, elle aussi, peut apporter du plaisir : celui de se sentir bien dans un corps sain.

Pourquoi vous, industriels, êtes un vecteur de nutrition clé dans notre société ? Tout d’abord parce que ce sont vos produits qui sont le plus largement consommés, et que vos consommateurs vous écoutent. Vous avez donc un rôle essentiel de relais des campagnes de santé publique :

  • Véhiculer les messages de prévention nutritionnelle diffusés par les institutions
  • Etre capable d’y répondre avec une offre produits adéquate

Coca Cola avec ses versions allégées du soda le plus vendu dans le monde, Mac Donald avec ses Fruits à Croquer et ses salades… les plus grands l’ont fait, pourquoi pas vous ? 

3 façons de donner une place à la nutrition dans une offre gourmande

  1. Faire évoluer ses recettes

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Confitures sans sucres, biscuits, fromages ou encore pizzas allégés, charcuterie à teneur réduite en sel, sodas lights… elle est longue, la liste des produits « plaisir » qui ont évolué vers plus de santé ces dernières années. Alors que le marché de « l’allégé » connaissait une véritable explosion au début des années 2000, il est aujourd’hui en pleine chute libre. La cause ? L’évolution des attentes consommateurs qui tournent le dos à l’artificiel pour plus de naturalité, d’authenticité et toujours cet indissociable duo plaisir/santé. Alors, comment faire vivre ce dernier face à ces nouvelles exigences ? La solution qui a sans doute le plus marqué le marché est celle des édulcorants naturels. Alors que le monde fait la guerre à l’aspartame, l’empire agroalimentaire contre-attaque… D’abord avec la célèbre stévia (+ 60 % de chiffre d’affaires entre 2013 et 2017), puis l’agave, le bouleau, le monk fruit… et maintenant le très à la mode sucre de coco. Des alternatives qui ont su conquérir le cœur des consommateurs, bien que la problématique du goût reste un vrai challenge pour les industriels.

  1. Diversifier son offre

Créateurs de gourmandise, pourquoi ne pas mettre votre savoir-faire au profit du bien-être et de la santé ? Pourquoi ne pas aller explorer le monde de la nutrition qui, lui aussi, peut être générateur de profit ? Luissier Bordeau Chesnel avec sa célèbre marque du même nom, 3ème marque française au rayon charcuterie, symbole de la rillette sous toutes ses formes, est l’exemple même d’une société qui a su diversifier son offre vers plus de santé avec le célèbre Saint Agaûne. Savoureuse gamme de viande séchée, voilà une innovation qui a révolutionné le rayon saucisson avec des produits 2 à 3 fois moins gras que des saucissons (ou chorizos) traditionnels. De quoi profiter d’un apéritif sans culpabiliser !  Plus de santé mais toujours autant de plaisir : le défi technique est de taille, mais les opportunités de développement aussi ! Associer votre expertise du goût à celle d’un spécialiste de la nutrition, imaginer, tester, mesurer, c’est sans doute la porte ouverte à de belles innovations.

  1. Communiquer différemment

3ème moyen de vous mettre à la nutrition : en parler ! Certains ne le savent peut-être pas encore, mais derrière bien des produits, même les plus gourmands, se cache un intérêt nutritionnel. Sans compter qu’en matière de nutrition, tout est une question d’équilibre. Pousser le « fast-fooder » à accompagner son burger d’une salade plutôt que de frites, proposer des idées de repas équilibrés sur son packaging, s’engager à communiquer à travers une charte d’engagements de progrès nutritionnel (PNNS ou PNA)… Il y a de quoi faire en matière de sensibilisation à la nutrition. Qui aurait cru qu’un géant du biscuit comme Mondelez développerait une application intégrant ses douceurs dans des petits déjeuners et goûters équilibrés en fonction du profil du mobinaute (âge, sexe, besoins…) ?

Optimiser ses recettes, concevoir une offre santé, sensibiliser à l’équilibre alimentaire, il existe bien des façons de se mettre à la nutrition, même quand le goût reste une priorité. Loin d’être une contrainte, elle est une source d’innovation inépuisable répondant à une réelle attente consommateur pour qui, aujourd’hui plus que jamais, plaisir et santé ne font qu’un.



A propos de l'auteur

Juliette

Directrice du pôle food, elle voit venir les tendances de grande consommation avant tout le monde 😉.
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