La RSE : pourquoi s’investir ?

Publié le 18 février 2019

Regards d'expert

Les entreprises agro-alimentaires représentent une composante essentielle : elles façonnent les territoires, les paysages, et le contenu de nos assiettes ! Jonglant entre problématiques environnementales, réglementations ou exigences du marché, ces acteurs doivent nécessairement intégrer les défis environnementaux et sociétaux auxquels nous sommes confrontés. Nourrir 9 milliards de personnes d’ici 2050 fait d’ailleurs partie intégrante des défis à relever1. Toutefois, 37 % des dirigeants d’entreprises restent dubitatifs face au lien entre valeur de l’entreprise et RSE2.

Alors, pourquoi s’investir dans une démarche RSE ?

Un contexte réglementaire de plus en plus strict à respecter

L’alimentation est déterminante pour la réalisation des objectifs de développement durable (ODD) adoptés par les Etats membres de l’ONU en 2015. Elle est effectivement le fil rouge qui relie les 17 ODD à l’horizon 2030. Ces enjeux sont ainsi au cœur des réflexions d’événements internationaux tels que l’Accord de Paris sur le climat (2015) ou encore les Etats Généraux de l’Alimentation (2018). Les Industries Agro-Alimentaires (IAA) doivent donc s’inscrire dans ce mouvement international pour intégrer et être conforme vis-à-vis de leur environnement politico-légal.

En Europe, de nombreux règlements régissent d’ailleurs l’industrie agroalimentaire. Les entreprises doivent donc répondre aux nouvelles exigences gouvernementales. Effectivement, aujourd’hui de multiples lois fleurissent : loi NRE, Grenelle de l’environnement, loi de la Transition énergétique, loi de la Biodiversité, loi sur le devoir de Vigilance, loi Sapin II…

Satisfaire les attentes du consom’acteurConsomm'acteur

Nous faisons actuellement face à une crise de confiance majeure de la part des consommateurs de plus en plus exigeants de ce qu’ils consomment. Les IAA voient effectivement émerger un besoin de naturalité de la part des consommateurs, et donc indirectement de durabilité.

Prenons les principales raisons de consommation de produits bio3 :

  • La santé, avec 68 % des consommateurs
  • L’environnement, avec 58 % qui se soucient avant tout de la protection de la planète
  • D’autres paramètres entrent également en jeu : l’éthique, la qualité, le goût

70 % déclarent ainsi qu’ils souhaitent s’investir en faveur d’un mode de vie plus respectueux de l’environnement4. D’ailleurs, d’après un récent sondage Clutch, 71% des consommateurs indiquent qu’ils pourraient cesser de consommer auprès d’une entreprise si celle-ci porte des valeurs contraires aux siennes. Ainsi, les consommateurs, en quête de réassurance, se tournent massivement vers des produits répondant à leurs attentes. Les multiples scandales sont d’ailleurs l’une des raisons qui poussent les consommateurs à se méfier de la qualité et des risques sanitaires engagés par exemple par leur alimentation carnée.

Crises alimentaires

Qualité, local, authenticité, simplicité, « free from » … sont les maîtres mots qui guident le consommateur d’aujourd’hui : les IAA, tributaires de ces changements de comportements, doivent donc s’adapter. Notons que la présence de labels est également prépondérante pour les consommateurs en quête de produits durables : 52 % d’entre eux sont en quête de labels, certifications ou informations « validées par une organisation indépendante et objective ». Nutrikéo accompagne d’ailleurs de nombreuses entreprises sur des études relatives à ces nouvelles attentes.

Assurer la performance financière via une performance globale 

  • La Gouvernance, clé de la performance en Europe

RSE rime-t-elle avec rentabilité financière ? Une récente étude souligne que, sur la dernière décennie, les entreprises les plus engagées en RSE et ESG performaient davantage en bourse2. En d’autres termes, plus une entreprise présente de bonnes notes sur des critères sociaux, environnementaux, de gouvernance** ou en RSE, plus leurs actions rapportent ! Et inversement, les entreprises les moins vertueuses sont dévalorisées. L’étude souligne d’ailleurs qu’en Amérique du Nord, le facteur Environnement obtient les meilleurs résultats. Dans la zone Euro, le facteur Gouvernance l’emporte. L’intérêt grandissant des investisseurs pour ce type d’entreprises justifierait la tendance. Cela relève d’ailleurs du bon sens. La RSE améliore la résilience des entreprises à travers une meilleure gestion des risques sur les ressources, le management, la préservation de son environnement…

  • Plus une entreprise est engagée en RSE, plus elle performe

Le rapport « Responsabilité sociale des entreprises et compétitivité – Évaluation et approche stratégique » mené en 2016 par France Stratégie est moins tranché. Son rôle était d’évaluer l’effets des politiques RSE sur les performances financières. Les résultats sont tout de même éloquents : un écart de 13 % de performance économique est observé pour des entreprises qui mettent en place des pratiques RSE. Le gain « relation-client » reste faible (5 %) par rapport au gain pour les ressources humaines (20 %). Une stratégie RSE met également en place des leviers pour répondre à ces problématiques. Elle représente donc un investissement intéressant sur le long terme.

  • Les dirigeants d’entreprise sont peu à peu convaincus par un engagement en RSE

D’ailleurs, la RSE est clairement identifiée comme une priorité par de plus en plus de CEO et de dirigeants d’entreprises5. 36 % d’entre eux placent la RSE/durabilité dans leur top 3 des priorités. Les reportings et objectifs associés ne sont donc plus seulement financiers, mais abordent inévitablement les dimensions sociales et environnementales ! Une récente étude souligne que 64 % des dirigeants ont donc amplifié leur investissement dans la RSE6.

Motiver les salariés

Les collaborateurs sont des moteurs du changement, à condition qu’ils adhèrent à la politique RSE mise en place dans l’entreprise. 78 % des salariés considèrent la RSE comme une composante essentielle de l’entreprise7. S’investir dans une démarche RSE répond donc aux nouvelles attentes en interne. Et les collaborateurs sont sources de création de valeur : leur implication, combinée à une fierté d’appartenance à l’entreprise, représente un véritable gain d’efficacité. C’est aussi synonyme d’attractivité pour les jeunes diplômés à la recherche d’entreprises engagées. D’ailleurs, 56 % des jeunes de la génération Y sont prêts à refuser une collaboration avec une entreprise s’ils n’adhèrent pas à ses valeurs8. Nous accompagnons d’ailleurs les entreprises sur de multiples conférences « Corporate Wellness » véhiculant des valeurs axées santé pour les salariés.

S’adapter au contexte technologique mouvant

D’autre part, le développement des technologies a radicalement changé les interactions entre les consommateurs et les entreprises. En effet, le digital donne aujourd’hui davantage de pouvoir aux consommateurs9. Ces derniers peuvent désormais s’informer, acheter, consommer et surtout interpeller les marques et les enseignes instantanément. 30 % recherchent des avis tiers sur les médias sociaux4 et 32 % s’informent sur la façon dont le produit est fait via des recherches internet et sites spécialisés. En parallèle, le développement d’applications numériques s’inscrit dans cette tendance pour améliorer par exemple la traçabilité des aliments. Les IAA doivent donc s’adapter et intégrer ces évolutions technologiques. Pour comprendre comme prendre le tournant du digital, Nutrikéo vous aiguille sur les 3 facteurs clés de succès de la foodtech.

Répondre au défi d’une alimentation plus respectueuse de la planèteRégime planétaire

Les activités des entreprises agroalimentaires touchent aux ressources naturelles, et modifient les paysages. En effet, 54 % de la surface du pays est dédiée à l’agriculture. Les méthodes de production dégradent la nature et entraînent, parmi tant d’autres, une perte conséquente de la biodiversité9. Notre modèle alimentaire génère 1/4 des EGES* participant au réchauffement climatique. Et l’alimentation représente de 20 à 50 % de l’empreinte environnementale des Français1. Ce lourd impact sur la planète amène à reconsidérer les pratiques pour un modèle plus viable. Les entreprises agroalimentaires doivent donc faire face à de nombreux défis environnementaux et adopter des méthodes plus durables (maîtrise de la consommation en énergie, valorisation des déchets…).

La RSE : un moyen de se différencier face à la concurrence

Etre parmi les premiers à s’engager

D’autre part, plus les entreprises statueront tôt leurs engagements, plus elles tireront leur épingle du jeu et auront une longueur d’avance. En plus de soutenir des valeurs et d’engager une démarche vertueuse, un engagement en RSE permet de se positionner et rester compétitif sur le marché. Le développement durable n’est donc plus une fin en soi, mais un moyen stratégique pour se différencier par rapport aux autres sociétés. Se différencier de la concurrence reste effectivement primordial pour perdurer sur le marché.

De nombreux paramètres sociaux, politiques, légaux, environnementaux, technologiques… influencent aujourd’hui l’écosystème des entreprises et les amènent à intégrer immanquablement des pratiques durables dans leur activité. Sachez que Nutrikéo peut vous accompagner dans votre réflexion sur ces thématiques.

La RSE en tant que stratégie globale

Les entreprises de demain sont celles qui véhiculent des valeurs, via leurs pratiques, leurs produits et leur communication. Toutefois, tant que la RSE sera un champ d’action à part, non intégré dans l’ensemble de la stratégie de l’entreprise, alors elle ne représentera finalement qu’un « pansement » sur son activité globale. Le développement durable doit effectivement alimenter l’ensemble des pratiques et se transformer en une réflexion globale sur le sens de l’activité, moteur d’innovation sociale, de performance économique et surtout de création de valeur. Nous pouvons en effet parler d’« entreprise à mission » comme l’a introduit la loi PACTE début 2018. Une mission d’entreprise ne peut plus se résumer à « mettre sa performance économique au service de l’intérêt général » mais à créer de la performance au travers de l’intérêt général. Instaurer des valeurs à défendre, s’équiper d’outils de mesures spécifiques sur les achats et les fournisseurs… sont des actions qui devront contribuer à la performance économique, mais également environnementale et sociale sur le long terme.

En parallèle, les réglementations vont continuer d’évoluer et deviendront une vraie tendance de fond, impulsée par des citoyens de plus en plus animés par des questions de responsabilité vis-à-vis de la planète et des Hommes.

Vous souhaitez intégrer la RSE dans votre activité ? Nutrikéo vous accompagne ! Contactez-nous ici 

  1. ADEME, 2018
  2. UN Global Compact–Accenture CEO Study on Sustainability, 2016
  3. Agence Bio, 2017
  4. Oeko-Tex ®, 2017
  5. McKinsey Global Survey, 2014
  6. PwC Global CEO Survey, 2016
  7. Baromètre de l’entreprise responsable, 2015
  8. L’ADN, 2018
  9. MAA, 2017

*Emissions de Gaz à Effet de Serre

**La gouvernance permet d’assurer un bon équilibre des pouvoirs, une concertation entre les parties prenantes et la transparence.

A propos de l'auteur

Ombeline

Directrice des pôles investissement & social, elle seule sait naviguer entre ces deux univers tel un caméléon…
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