Investissements en nutrition : des opportunités illimitées ?

Les dossiers passent, les années aussi. Et pourtant, l’année 2021 a été le théâtre de nombreux investissements en nutrition. Comment l’intérêt pour ce marché peut-il constamment se renouveler ? Emergence de nouveaux besoins, nécessité de durabilité, considération de la prévention santé, naissance quotidienne de startups, développement à l’international… Les motivations pour investir sont multiples : en Food, en Nutra et en Santé.

De la diversification dans les métiers.

Ils sont plusieurs à avoir opéré un virage majeur en 2021 pour faire évoluer leur métier historique.

Le géant Givaudan s’attache depuis plusieurs années déjà à diversifier ses activités. Après avoir amorcé sa transition nutraceutique avec l’acquisition de Naturex en 2018, c’est désormais un pas supplémentaire pour renforcer sa BU Taste & Wellbeing avec DDW, The Color House. DDW, avec son offre de colorants naturels, vient renforcer les valeurs de Givaudan en matière de naturalité.

En novembre 2021, DSM a fait l’acquisition de Vestkorn. Cet investissement marque un tournant dans le métier de l’entreprise néerlandaise qui ouvre son activité : des ingrédients fonctionnels et nutritionnels, elle s’intéresse désormais aux protéines végétales issues de légumineuses. Ce revirement est bien sûr motivé par la demande croissante en alternatives végétales : le marché mondial des aliments à base de protéines végétales serait multiplié par 3 entre aujourd’hui et 2030 (selon Bloomberg Intelligence).

A contrario : de la spécialisation.

Il faut choisir son cheval de bataille et penser son investissement en nutrition comme une suite logique. Pourquoi ? Il s’agit d’un sujet technique et sensible car il est au cœur des enjeux de société et de durabilité. On ne peut pas investir en nutrition uniquement par opportunisme : il faut aussi avoir des convictions.

Pour être plus lisibles, certaines entreprises font donc le choix de la réorganisation et du nettoyage des portefeuilles. Un nettoyage qui peut s’entendre de différentes manières :

• Se séparer d’une partie de ses activités. Exemple fin 2021 : Unilever a cédé sa branche « Thés » ekaterra (dont Lipton) au fonds CVC pour 4,5 Mds €. Le groupe néerlandais a l’ambition de se concentrer sur les segments les plus stratégiques, à savoir l’hygiène, la beauté, les aliments à base de plantes et la nutrition fonctionnelle.
• Ou faire le choix d’une approche plus qualitative. Relocalisation, cleaning, premiumisation… : tels sont les leitmotivs de Le Duff. Avec l’acquisition de Frial, le groupe entend implanter une gamme de plats surgelés & terroir, produits en Normandie, à l’international. Frial vient compléter un portefeuille déjà teinté de Made in France, avec Cité Gourmande ou encore Bridor.

La consolidation à l’origine de méga-entreprises

La consolidation a fait naître des géants du secteur, qui n’existaient pas vraiment jusqu’à présent. Dans l’univers Nutra, Havéa a poursuivi son expansion avec l’acquisition d’ixX Pharma. Il s’agit de la 5^ème acquisition du groupe dans les compléments alimentaires depuis sa reprise par le fonds 3i Nature en 2017 (Aragan puis Densmore puis Pasquali Healthcare puis Laudavie). ixX Pharma est attendu pour faire d’Havéa LE groupe de nutraceutique à dimension européenne.

Côté agroalimentaire, du statut de géant à celui de mastodonte, il n’y a qu’une acquisition : celle du rachat à 100% de Soufflet par InVivo. Le groupe InVivo est devenu l’un des leaders européens du monde agricole avec un chiffre d’affaires de 10 Mds €, réalisé à 50% en France. Et entend bien concentrer ces activités sur la transition agricole puisqu’il a cédé dans la foulée les activités Ex-Soufflet alimentaire au groupe Avril.

Mais la consolidation est aussi l’opportunité de concentrer les forces. Comme avec la constitution du groupe Nutridry. Le rachat de Titok, Falières Nutrition et Mada Food Service par Christophe Fénard et les fonds Omnes, Bpifrance et BNP Paribas développement, a permis de créer le leader de la conception et de la fabrication de préparations culinaires déshydratées et lyophilisées. Cette typologie de produits, assez méconnue du grand public, possède toutes les qualités pour un fort développement : des qualités nutritionnelles préservées, la lutte contre le gaspillage alimentaire ou encore l’accompagnement de situations nutritionnelles d’urgence.

Du soutien pour les marchés ultra dynamiques : pleins gaz sur les gummies

Aucun répit pour les gummies en 2021. Le marché français a plus que doublé l’année dernière (+116%). L’engouement a gagné des géants comme Cooper qui s’est emparé de Lashilé Beauty. Cette jeune marque de compléments alimentaires (créée en 2019) a séduit par ses investissements massifs en communication digitale. Mais aussi par sa stratégie d’innovation qui lui a permis de s’étendre de la beauté vers des promesses bien-être / santé comme le sommeil. Cette galénique en forte croissance a également séduit Catalent qui a acheté Bettera Holdings et Nazca avec l’acquisition de Nutris.

Qu’est ce qui justifie cet intérêt pour les gummies ?

• La recherche de fun et de plaisir dans la consommation, de la part des plus jeunes générations notamment.
• Le besoin en galéniques qui favorisent l’observance. Selon une étude menée par Incara, 1 personne sur 2 ne va pas au bout d’une cure. Or on le sait : l’arrêt d’une cure de compléments alimentaires avant qu’elle ne soit terminée est l’ennemi n°1 de l’efficacité, et donc du réachat.

Le soutien de la transition alimentaire

La transition alimentaire est l’évolution de notre modèle alimentaire vers plus de respect de la santé humaine, de notre planète et du bien-être des animaux. Les façons de contribuer à ce bel objectif sont nombreuses…

Le phénomène touche les startups, bien sûr. Les jeunes marques, aussi ambitieuses qu’innovantes, sont au centre des convoitises. La startup LaVie, dont le produit phare est un lardon végétal, a levé 25 M€ en janvier 2022 auprès de plusieurs fonds, dont Seventure.

Mais aussi les acteurs historiques en mal de renouvellement. Le secteur de la distribution par exemple, a le besoin absolu de se réinventer : comportements d’achat plus volatiles, attentes plus exigeantes face à l’offre alimentaire… Un acteur comme Carrefour a initié le changement il y a plusieurs années : en faisant l’acquisition de So.bio en 2018 et de Bio C Bon en 2020. En s’alliant à Dejbox en janvier 2020, pour mettre un pied dans le marché florissant de la livraison de repas. Et en s’implantant aujourd’hui dans le Metaverse : en France, l’enseigne a été parmi les premiers à « dégainer« , en annonçant avoir acheté 9 hectares dans le Metaverse The Sandbox.

Le soutien de la transition alimentaire est, pour certain, une réelle mission d’entreprise. C’est le cas d’Ecotone, anciennement Bjorg, Bonneterre & Cie / Maison Wessanen. Le collectif a opéré un tournant majeur en 2020 en changeant d’identité et en renforçant les investissements qui font sens : Danival, l’entreprise du Lot-et-Garonne ; Little Lunch, leader de la soupe biologique, et fabricant d’aides culinaires et sauces. Cette « double détente » (positionnement renforcé + acquisition) a permis à Ecotone d’obtenir la reconnaissance que ce collectif mérite en matière de durabilité, en quelques mois.

Ceci n’est qu’une sélection des 100aines de mouvements repérés par notre équipe dans les domaines Food, Nutra et Santé. Pour un screening et une analyse sur-mesure (adapté à votre business ou à un marché donné), merci de nous contacter.

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