S’affranchir des contraintes de la transition alimentaire

Publié le 3 mai 2022

Regards d'expert

Dans un monde idéal, tout est beau tout est rose. Il est évident qu’on a tous envie de protéger notre santé et celle de notre belle planète. Si vous êtes un acteur de la filière alimentaire, c’est facile : prenez le cahier des charges de la transition alimentaire, comme présenté dans notre article dédié. Et changez tout, tout de suite. En plus, c’est tendance et c’est attendu par vos consommateurs.

Vous l’aurez compris, ce monde idéal n’existe malheureusement pas.

Si on a tous plein de beaux projets en tête (et gardez-les surtout, c’est grâce à ces rêves que les choses avancent dans le bon sens), la réalité nous rattrape vite. Une fois dans le feu de l’action, les obstacles peuvent être nombreux. Pour vous aider à anticiper ces obstacles, voici une liste (non exhaustive) consolidée par notre équipe Food. Et comme nous sommes de nature optimiste, nous vous livrons par la même occasion nos réflexions sur les bonnes pratiques pour les contourner.

transition alimentaire

Comment garder le goût comme priorité ?

Reformuler des produits pour de meilleures valeurs nutritionnelles, moins d’additifs, des ingrédients locaux et issus de filières durables. C’est bien beau, c’est tentant, les équipes R&D sont sur le coup ! Mais tout cela est à conjuguer avec des standards en termes de propriétés organoleptiques, pour être au plus proche de vos produits précédents. Qui achètera votre nouvelle recette de biscuit si elle ne se tient pas, qu’elle est ultra-sèche et trop peu sucrée ?

Pour y arriver :

  • Allez-y par étapes : passez par des versions de produits intermédiaires le temps que les consommateurs s’habituent à des recettes moins sucrées ou autres attributs.
  • Faites de la veille : les fournisseurs d’ingrédients travaillent beaucoup sur le sujet des alternatives aux substances controversées, restez à la page.
  • Faites appel au support d’experts, comme des centres techniques, qui traitent ces sujets pour de nombreux clients.
  • Réalisez un travail d’éducation : les consommateurs ont évolué, ils sont beaucoup plus ouverts à comprendre des changements de propriétés organoleptiques. Si c’est justifié et expliqué. « Mon jambon est grisâtre car il ne contient pas de sels nitrités ? OK si je comprends que ceux-ci sont cancérogènes… »

Comment faire changer les habitudes en interne ?

On parle de l’évolution des mentalités des consommateurs face à la transition alimentaire : un phénomène qui prend du temps, mais qui est en marche. Cependant, comment se passent les changements au sein de vos équipes ? Le niveau de motivation est rarement homogène dans les différents services. Et entre l’envie de bien faire et la mise en application réelle, il y a parfois un monde…

Nos conseils pour y arriver :

  • Engager en faisant comprendre ce que les changements apporteront à l’entreprise, mais aussi aux individus. Travailler pour cause vertueuse : c’est motivant pour tout le monde, non ?
  • Impliquer en faisant travailler les différentes équipes sur des projets communs. Comme dit l’adage : Ensemble, on va plus loin. Rassembler les équipes sur des projets transverses à l’entreprise, c’est une façon de créer un esprit collectif et de faire d’une responsabilité l’affaire de tous.
  • Anticiper les changements nécessaires à la transition alimentaire. L’humain n’aime pas le changement. Pour qu’il soit bien vécu, il faut prévenir : lister les changements à prévoir, en informer les parties concernées, proposer des solutions pour adoucir les bouleversements potentiels. Et ne surtout pas faire l’autruche 😉 .

Comment s’assurer qu’on va rencontrer les consommateurs ?

Dans la transition alimentaire, ou dans l’innovation vertueuse, tout est question de timing. On veut être pionnier, pas suiveur. Être force de proposition pour ne pas passer pour un opportuniste. En même temps il y a une réalité marché. On a beau avoir l’offre la plus vertueuse possible pour la santé, la planète, le bien-être animal… Si personne n’achète l’impact sera égal à… zéro.

Il faut donc bien viser :

  • Être en avance pour que le lancement soit remarqué, que les médias en parlent, que les distributeurs vous voient comme une référence, que les consommateurs vous remarquent et vous citent comme une référence. Cela signifie : Osez !
  • Ne pas arriver trop tôt non plus. Beaucoup de marques ont fait de très belles tentatives, en adéquation avec les attentes (déclarées) des consommateurs. Un gros travail a été fait, tout est opérationnel, on y croit et… flop.

Pour y arriver

  • Testez, interrogez les consos en amont… Mais méfiez-vous de leurs réponses ! Sur le papier, nous sommes TOUS prêts à payer plus cher pour des produits plus vertueux. Bien sûr, dans la théorie. Les chiffres sortie de caisse ne montrent pas tout à fait la même chose. Le consommateur pris dans son acte d’achat n’a pas les mêmes priorités psychologiques, le prix et le plaisir sont les premiers drivers. Préférez donc des méthodes de tests in situ dans la mesure du possible
  • Ne pas avoir peur de l’échec : nous sommes dans une dynamique d’innovation différente. Dans l’ère de la stratégie du « test & learn ». Mais derrière chaque échec se présentent des enseignements et de nouvelles opportunités. Ne regrettez pas vos tentatives. Et n’ayez pas honte. Gardez en tête que 95 % des nouveaux produits échouent ! Donc vous êtes loin d’être les seuls. Et au contraire n’hésitez pas à capitaliser sur votre échec pour l’analyser et en parler. De plus en plus de marques prennent la parole sur les raisons de leurs échecs. C’est faire preuve d’humilité et de transparence.

Par quoi commencer ? Je ne sais pas faire.

Si l’idée d’innover et de transformer les organisations pour prendre le chemin de la transition alimentaire est claire, la mise en pratique est souvent plus difficile. Nous ne sommes pas tous formés, nous n’avons pas tous les mêmes convictions, ajouter des cordes à son arc ne se fait pas toujours facilement.

Pour y arriver :

  • Formez-vous, formez vos équipes.
  • Écrivez noir sur blanc un plan directeur : par quoi devez-vous commencer (souvent concrètement ça revient à se demander ce qui tient le plus à cœur à la direction) et quels sont les grands objectifs de votre transition ? Il faut commencer quelque part. N’ayez pas l’ambition de tout mener de front. Chaque action est louable et il vous faudra choisir votre cheval de bataille.
  • Recrutez les compétences. De nouveaux profils existent sur le marché de l’emploi : ils ont une formation et un état d’esprit axé sur les transitions vertueuses, à commencer par la transition alimentaire. Ne vous en privez pas.
  • Entourez-vous des bonnes personnes : vous cherchez des super consultants spécialisés dans la transition alimentaire ? Vous savez où nous trouver 😉 ! Et sinon, c’est ici que ça se passe.

C’est de l’investissement tout ça…

Effectivement, le travail de R&D, l’éducation des consommateurs, la formation des équipes, lancer des produits dont le succès n’est pas garanti… Cela coûte : de l’argent, des moyens humains et de la motivation. C’est vrai ! A ce sujet, on ne peut que vous inciter à être patients. Vous constaterez l’impact de votre travail à moyen et à long terme. Sur :

  • L’amélioration de votre image de marque : les données business immédiates ne sont plus le seul paramètre à surveiller. La cote de votre marque ou de votre entreprise n’a jamais autant compté.
  • La valorisation financière de votre entreprise.

Vous pouvez aussi faire le choix d’être accompagné financièrement : les entreprises de la food et de la nutra sont largement soutenues par les investissements. Lisez ou relisez notre article des investissements marquants en nutrition. Une autre voie à étudier.

En vous souhaitant une bonne transition alimentaire !

A propos de l'auteur

Juliette

Directrice du pôle food, elle voit venir les tendances de grande consommation avant tout le monde 😉.
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