Les alternatives protéiques, source d’innovation pour la transition alimentaire

Publié le 20 novembre 2023

Prise de parole

Aujourd’hui, s’engager en faveur de la nutrition, c’est s’engager concrètement en faveur de la santé humaine et d’un monde durable. On assiste ainsi à une véritable transition alimentaire. Source de nombreux changements, elle conduit notamment à une diminution de la part de l’animal dans l’alimentation. Dans ce contexte, des alternatives protéiques se développent sur le marché.

Quelles sont les options déjà existantes sur le marché ? Et les axes d’amélioration ? Comment accompagner le consommateur dans cette transition ?

Pourquoi la transition vers les alternatives protéiques est-elle nécessaire ?

Cette transition vers de nouvelles alternatives protéiques se fait en réponse à une triple urgence :

  • Démographique : la population mondiale devrait atteindre 10,4 milliards de personne d’ici 2100[1]. 10,4 milliards de personnes qu’il faudra nourrir durablement.
  • Nutritionnelle : la viande rouge et transformée est reconnue comme cancérigène par l’OMS.[2]
  • Ecologique : notre alimentation est la deuxième source d’émissions de CO2 . [3]

Il est encore possible d’agir. Tous les acteurs de la chaîne de valeur et du continuum de la nutrition (de l’ingrédient aux produits alimentaires) doivent soutenir le changement. Réduire la consommation de viande, lait et œufs est une solution, trouver des alternatives protéiques en est une autre plus durable.

Quelles sont les sources déjà existantes ?

Il existe déjà plusieurs manières de nous approvisionner en alternatives protéiques. Du côté des végétaux, citons les graines et oléagineux, les légumineuses ou les féculents. Les microalgues, comme la spiruline, et les insectes sont aussi des sources intéressantes. Plus innovantes, les champignons et les protéines issues de culture ou de fermentation sont les dernières sources à être considérées. Dans ce panel, les alternatives protéiques les plus performantes bénéficient du meilleur ratio qualité nutritionnelle et coût énergétique et sont à privilégier.

Ces sources sont déjà utilisées dans des produits variés. Elles sont ainsi largement répandues dans les produits du quotidien sous forme de légumineuses cuisinées, de plats préparés ou de snacks. Les produits de substitution sont aussi très populaires. Ils imitent les produits laitiers, la viande ou les œufs. En guise d’exemples, Ripple est une marque américaine qui utilise une méthode en instance de brevet pour récolter des protéines de pois ultra-propres sans impuretés pour propose un substitut végétal au lait. Magnum propose aussi une glace vegan : les crèmes glacées à base de plantes sont souvent des alternatives plus saines !

Les alternatives protéiques ont réussi à se développer jusque dans la nutrition spécialisée qu’elle soit infantile, clinique ou sportive. Dans la première catégorie, c’est Sprout qui a lancé la première gamme complète de produits pour bébés à base de protéines végétales. Côté nutrition clinique, le médical devient de plus en plus végétal avec l’arrivée de compléments nutritionnels oraux (CNO) plant-based ou mix. Finalement, les sportifs reconnaissent les suppléments protéiques comme un macronutriment clé et leur intérêt se porte aujourd’hui sur des alternatives également.

L’offre est variée et déjà répandue auprès du consommateur. Pour autant, l’innovation doit perdurer. L’Intergovernemental Panel on Climate Change (IPCC)[4] la considère en effet comme centrale dans l’adaptation nécessaire au changement climatique.  

Des innovations émergentes

Innover sagement
Initialement, les alternatives protéiques imitaient leurs homologues animales dans le goût, la texture ou la couleur. Les substituts à la viande se doivent cependant d’être au moins aussi bons que les produits sains. Or, dans cette dynamique d’imitation, ce n’est pas toujours le cas.

Développer des produits sains et propres doit être la feuille de route de l’innovation protéique. Réduction de la liste d’ingrédients, choix d’additifs naturels, produits hybrides, développement de nouveaux procédés pour les matières premières sont indispensables dans la poursuite de cet objectif.

Vers de nouvelles sources
Malgré la grande variété de sources déjà existantes, de nouvelles sources continuent à émerger. C’est par exemple le cas des féveroles intéressantes pour leur haute teneur en protéines, leurs propriétés texturants.

Ces nouveaux substituts permettent d’élargir l’offre disponible ou d’en remplacer une partie. Remplacer le soja est, par exemple, un enjeu pour laisser plus de place à des innovations parfois plus respectueuses de l’environnement.

Et de nouvelles technologies
De nouvelles technologies permettent aussi de produire des alternatives protéiques à partir des levures et de la fermentation. En guise d’exemples, Onima, récemment Yeasty, recycle par exemple des levures sous forme de farines protéinées et Yusto d’Arbiom propose des protéines issues de la fermentation.

Ces technologies présentent de solides avantages :

  • Nutritionnels : le profil protéique obtenu est souvent plus complet qu’avec des protéines végétales et la digestibilité meilleure.
  • Durables : inscrites dans un modèle d’économie circulaire, elles sont respectueuses de l’environnement et respectent ainsi le prérequis fondamental des alternatives protéiques.
  • Gustatifs : aucunes notes gustatives ou problèmes de couleurs, des problèmes qui peuvent être rencontrés avec des protéines végétales.

D’autres technologies prennent des allures futuristes mais restent tout de même à surveiller avec intérêt. Gardons ainsi un œil sur Solar Food et sa protéine Solein®. Cette dernière est issue de la fermentation d’un micro-organisme nourri à partir de molécules de l’air auxquels s’ajoutent quelques nutriments. Une réelle innovation face aux micro-organismes nourris à base de sucre dont l’impact environnemental est plus grand.

L’éducation nutritionnelle, la clé des changements de comportements

Les innovations sont prometteuses mais des barrières restent à lever. Implanter de nouvelles habitudes et faire accepter les alternatives protéiques n’est ainsi pas tâche facile. Mais ce n’est pas une tâche impossible ! L’éducation des consommateurs est la clé pour les aider à choisir les bonnes matières premières ou produits finis et leur apprendre qu’il n’est pas difficile de les cuisiner. Fournisseurs d’ingrédients, interprofession ou marques sont des acteurs indispensables à cette démarche.

Le secteur des alternatives protéiques est un océan riche en opportunités. La direction est donnée : l’innovation doit tendre vers une offre saine et propre sans négliger le consommateur et le travail d’implantation dans ses habitudes alimentaires.


[1] Nations Unies, Questions Thématiques Populations

[2] WHO, Cancer : Carcinogenicity of the consumption of red meat and processed meat, 2015

[3] My CO2. Empreinte carbone française moyenne, comment est-elle calculée ? 2022

[4] Intergovernemental Panel on Climate Change

A propos de l'auteur

Nathalie

Directrice du pôle nutra, elle voue une passion au microbiome et à tous les ingrédients en général.
Publié dans

Laissez un commentaire